Last updated: 4 Jul 25 17:47:48 (UTC)
Du bon usage de nos ressources
Marquant selon moi :
- la division recyclage pour gestion déchets / vs approvisionnement production
- le risque n’est pas la pénurie un jour, c’est les conséquences de l’extraction aujourd’hui
- l’économie circulaire / linéaire ne s’opposent pas, c’est pas des “économies” mais des modèles d’approvisionnement différents au sein de la même économie
- définition du taux circularité, definition du taux d’incorporation
- la question de l’égalité, de la justice nord/sud qui sont explicitement intégrées au projet écologique
- l’évolution des REP comme outil de pouvoir qui avance vers la privatisation de la gestion ses déchets
Très méthodique.
P. 13 -14 Les industries vantent les progrès du recyclage, sans réduire l’extraction. La question est celle de la substitution ou de l’additionalité, dans toutes les industries : est-ce qu’on réduit l’extraction OU PAS.
P. 14 Différence entre pénurie (ressources non renouvelables) et épuisement (ressources renouvelables). Ces risques sont moins plausibles que celui de subir les conséquences négatives de l’extraction.
P. 14 Surexploitation de ressources ≈ surconsommation (à échelle macroéconomique et planète). P. 15 a l’échelle globale cette surconsommation est avérée et absolue. Mais à l’échelle infraplanétaire elle est inégalement répartie. Les efforts sont donc à faire par les groupes sociaux qui mettent en danger l’égal accès à une vie décente.
P. 15-16-17 économie linéaire et circulaire sont pas opposées, c’est des modèles d’approvisionnement ou de production différents dans un système économique qui reste le même et nous amène au même endroit dans les deux cas.
Le livre étudie comment changer nos stratégies en étudiant 3 dimensions : efficacité (technique), conformité aux limites planétaire (économie), et finalité poursuivie (politique)
Le recyclage est l’exemple principal, mais la réflexion peut s’appliquer à d’autres activités de l’EC (réemploi, réparation).
partie 1
P. 21- 22 Recyclage boucle ouverte / fermée : déf. Ouverte : on recycle les déchets vers autre chose. Fermé : on recycle pour refaire le même objet. Dans un cas on pense déchet à traiter, dans l’autre ressource à trouver. Selon la facette privilégiée on fait pas les mêmes choix. C’est ressources qui compte pour rester dans les limites planétaires
P. 31 la conception initiale des filières recyclage est pensée pour débarrasser des déchets, pas pour alimenter des filières en matériaux
P. 34sq le taux de recyclage est un indicateur très complexe dans sa construction, et il priorise la gestion des déchets
P. 36 def taux d’utilisation des matières recyclées (“taux de circularité”). 93% de l’économie mondiale repose sur l’extraction des ressources vierges. P. 37 ce taux peine à progresser parce que l’industrie n’est pas orientée pour fournir de la matière
P. 45 l’écart entre les discours (du public, du privé) et la réalité du recyclage ne suffit pas à contester qu’il ait un avenir. Ça pourrait juste être très lent à s’améliorer. Le CH3 et CH4 vont interroger la marge de progression de la circularité, et si une progression amènerait à diminuer l’extraction.
P. 45 selon l’ADEME le recyclage a deux obstacles : sa dépendance à l’offre de déchets et la compétition avec la matière vierge. Flore ajoute la croissance de la demande de matières et la compétition entre les options de recyclage différentes
P. 46 le taux de circularité dépend de la demande en matière et de la production de matière recyclée. La croissance continue et exponentielle de la demande matière empêche toute boucle fermée. Et c’est lié au capitalisme.
P. 47-48 exemple du plastique : si la croissance de sa production continue au rythme actuel, le taux de recyclage n’augmentera pas
P. 48 à supposer que le taux de circularité progresse, la diminution de l’extraction ne va pas être immédiate, y’a une latence
P. 49 La matière stockée dans nos objets déjà produits et dans la construction n’est pas disponible pour le recyclage. Ce stock n’est parfois par libérable avant des années ou décennies (le lithium des batteries de voiture électrique). François Grosse : on recycle presque pour rien, ça n’apporte aucun répit à l’extraction. La croissance limite voire annule le gain environnemental du recyclage.
- P. 62 plus l’immobilisation est longue, plus le stock risque d’être dégradé ou en partie non utilisable (si on découvre ensuite qu’une matière utilisée est toxique par ex. [Bisphénol, amiante…])
P. 51 l’explosion du jetable n’est pas dû juste à la baisse des coûts (plastique, délocalisation). Elle s’inscrit dans un modèle capitaliste appuyé sur la croissance continue de la production.
ch4
P. 55 la quantité de matière recyclée utilisée dans l’économie dépend de :
- la performance technique du recyclage
- la disponibilité des matières recyclées
- la capacité des industries à les incorporer
Plus un paramètres économique qui influence les 3 facteurs.
La performance technique du recyclage est elle même dépendante de la recyclabilité des matériaux et de l’efficacité des procédés
P. 55 la recyclabilité n’est jamais absolue : il y’a des degrés. La non recyclabilité absolue est rare. Classer les déchets en recyclable ou pas sur la base de l’existence d’une filière de traitement, sans considérer la qualité de la matière sortie, c’est un héritage de l’approche “gestion des déchets”. Et c’est ça la définition légale du recyclage en fait
P. 56 recycler, oui mais en quoi ? On devrait parler de decyclage pour les boucles ouvertes où la matière est dégradée et devient un autre produit que celui d’origine (p. 59, recyclage en boucle fermée = pour même réutilisation)
P. 56 Le degré de recyclabilité est déterminé à la conception, car additifs, adjuvants, peinture, multi-materiau, procédés d’assemblage, conditionnement, peinture et autres déterminent la recyclabilité. Suivi d’illustrations pour chaque. L’absence d’information ou de traçabilité des matériaux qui composent un produit est aussi un frein (p. 60). Le potentiel de recyclage est en partie déterminé bien avant le stade du déchet
P. 60 les procédés de recyclage produisent aussi de la perte. Ex : 13% du tonnage d’une usine UK de recyclage plastique disparaissent en microplastiques.
P. 62 La disponibilité des matières a recycler joue sur la production de matière recyclée. Cette disponibilité est liée à trois variables : le stock (déjà évoqué), la dispersion (usages dispersifs, objets trop petits ou légers pour entre collectés de façon générale efficace et rentable) et la collecte (via le tri réalisé par le citoyen).
Flore note que l’extension des consignes de tri, pour simplifier le “geste de tri”, a modifié l’organisation les centres, conduit à automatiser des postes (perte d’emploi), et abouti a collecter 1,87 kg / personne… Mais 50% des nouveaux plastiques collectés n’ont pas de filières et doivent être séparés ensuite.
P. 64 Faut pas juste produire la matière, faut l’incorporer dans des produits. Le taux d’incorporation = proportion de matières recyclées sur quantité totale de matières premières utilisée dans la production. Ce taux d’incorporation ≈ taux de circularité, mais à l’échelle d’un produit, d’une entreprise ou d’une filière.
P. 65 On inclut parfois dans ce taux des matières recyclées pre-consumer (chutes, destruction de stock, produit non conforme). Même si parler de recyclage avant que fasse un cycle est discutable (VS recyclage post consumer), cette méthode gonfle les perfs de recyclage. En France, le taux d’incorporation de plastique recyclé passe de 14% à 7,6% si on ne garde que le plastique collectés post-utilisation
P. 66 ≈ D’un pdv “comptable” la façon d’allouer les matières recyclées à l’échelle d’une usine permet de concentrer le recyclage sur un produit et dire qu’il est 100% recyclé… Même s’il n’a pas 1g de matière recyclée dedans
P. 66-67 L’incorporation dépend de tout ce qu’on a vu plus haut. La quantité de matière n’est pas là, la qualité de la matière n’est pas là. Les incitations règlementaires peuvent augmenter la demande… Mais pas la production. La matière recyclée est aussi moins attractive selon le prix de la matière vierge et/ou de l’énergie.
P. 71 À supposer un recyclage parfait et sans perte, on compare quand même ses bénéfices environnementaux à la production de matière vierge très polluante pour les mêmes usages, souvent du jetable. [Comparer à du réemploi ou a l’absence de production rend le bénéfice beaucoup moins clair]
P. 72-73 le recyclage a un impact environnemental via l’énergie et l’eau consommée (lavages), et via les déchets produits (y compris toxiques et dangereux). Le recyclage ne peut rien contre les pollutions aux substances chimiques, voire l’accentue (les centres de recyclage génèrent des micro ou nanoparticules (broyage des plastiques).
P. 74sq exemple de tout ça avec le polyester. Note qu’il est issu du pétrole, ce qui permet d’affranchir la mode du cycle de production des fibres naturelles, qui limite la rapidité des renouvellement. La fast fashion est liée au pétrole et à sa disponibilité à tout moment
P. 81-82 Passer à une consommation bornée, plafonnée. Comme on pense empreinte carbone, faut penser empreinte matière. L’empreinte soutenable c’est entre 5,5 et 8T / an. Les pays riches sont à 22,6T en moyenne, les pauvres (46% population) à 5T.
Le “standard de vie décent” est viable pour 10Md d’êtres humains, avec peu de sacrifices matériels pour les riches et beaucoup de gains pour les pauvres
P. 83 concept de corridor de consommation soutenable, qui détermine une trajectoire d’usage [et d’approvisionnement ?] des ressources rares. La part du recyclage n’y est pas centrale
P. 86sq Moins recycler, mais mieux. Recycler n’est pas une fin en soi. Recycler c’est de la mal adaptation si on réduit pas [la surconsommation à la source]. Mieux recycler = pour produire des biens durables essentiels, pas des biens jetables et superflus
P. 89 simplifier les produits dès la conception, avec des standards et des obligations, moins de matières différentes, d’additifs, etc. Quitte à changer des habitudes marketing.
Ex : des emballages recyclables monomateriau, moins diversifiés. Plus simples à trier et processer. D’autant que la standardisation des contenants pave la voie vers les emballages réemployables
partie 2
P. 93 Considérations politiques dans cette partie. Tout le monde parle de sobriété sans vouloir la décroissance, parce que croissance et capitalisme sont liés, et que le recyclage et la REP sont des outils de statu quo et renforcer leur position dominante dans le pilotage des ressources.
P. 95 sq ExxonMobil est en justice pour tromperie, parce qu’ils savaient les dangers du plastique et n’ont fait que des stratégies de mensonge + diversion. Le recyclage est une de ces stratégies, avec l’inversion de la responsabilité
P. 98 Les filières REP ont été mises en place après que les metteurs sur le marché aient changé le matériau de façon unilatérale et sans prévenir, mettant les collectivités en difficultés, en leur imposant des coûts autrefois gérés par les producteurs. L’ecocontribution l’a été sur conseil des PDG des gros metteurs sur le marché (à la place d’une taxe)
P. 103 Les doubles discours et le lobbying continue, cf. Traité mondial sur les plastiques ou retour en arrière sur la loi avec sur les fruits et légumes sans plastique
P. 107 les REP évoluent : elles se développent à l’international et sont de plus en plus opérationnelles. Les producteurs ont donc + de pouvoir sur l’approvisionnement en matière recyclée.
P. 108sq Les ecoorganismes sont en roue libre : créés par les producteurs, ils peuvent être agréés malgré un avis défavorable en d’instances multi-acteurs, et ils ont la main les chiffres qui permettraient à l’État de piloter (chiffres qui restent svt confidentiels)
P. 110 les conflits d’intérêts dans les REP ont été pointés depuis le début, mais rien n’a réussi à changer ça. La loi AGEC a échoué là dessus, et même renforcé leur pouvoir. Plus liste de tous les aspects qui font conflit d’intérêt et flinguent l’efficacité de la filière.
P. 113 la vérité c’est qu’on demande aux ecoorga d’organiser la décroissance sectorielle de leur secteur, en laissant ça aux producteurs. C’est une contradiction et un tabou qui explique l’échec systématique des ecoorga
P. 113 sq l’élargissement des missions des ecoorga et leur multiplication les renforce. Leurs budgets augmentent, leur position de force vis à vis de l’État et des collectivités est de plus en plus nette, de part leurs monopoles et leur capacité à déstabiliser toute une filière si on refuse leurs exigences. Ex: en ne demandant pas à renouveler leur agrément. De fait ils dictent leur loi.
P. 116sq les filières REP ont pris un tournant opérationnel (vs financier, où elle reversent l’argent aux collectivités et autres). Elles se substituent aux collectivités et aux opérateurs sur la collecte, le tri ou le recyclage. Elles arrêtent de donner de l’argent et donnent des ordres.
Elles contrôlent aussi une part du financement des acteurs du réemploi solidaire via des apples d’offres… Alors même que les metteurs sur le marché développent une offre de réemploi et de seconde main qui leur fait concurrence.
P. 118 On est sur le point de privatiser la gestion des déchets. Avec une loi qui propose des pénalités aux collectivités qui ne trient pas assez (en gros)… Qui conduirait alors les collectivités à donner la gestion opérationnelle complète aux eco organismes… Pour éviter les pénalités.
D’autant que les écoorganismes se sont fédérés en un collectif qui parle d’une seule voix récemment, y compris à l’international
p. 121 les filières REP s’appuient sur le principe pollueur-payeur, qui suppose que le signal-prix est le meilleure moyenn d’orienter les décisions économiques et d’intégrer les externalités. Mais 1) les objectifs de bien-être et de condition de vie décente sont plus larges que cette approche, et non réductibles à une dimension monétaire 2) l’évaluation monétaire des externalités est matériellement impossible dans un système complexe.
P. 123 On raisonne uniquement via une analyse coût-bénéfice, qui pose en soi des problèmes, au-delà des conflits d’intérêt. Elle suppose une subsituabilité / fongibilité des éléments pris en compte, ce qui n’est pas le cas. L’approche coût-bénéfice monétaire n’est bonne que pour piloter l’enrichissement.
P. 124 la REP est plutôt responsabilité restreinte des producteurs. C’est une application très très partielle du principe pollueur-payeur.
P. 125 Même si la réforme des REP est compliquée et prise dans les logiques qui les dépassent, Flore propose des actions.
-
Les REP servent à la fois à financer la gestion des déchets et orienter les comportements économiques. Mais ces objectifs sont parfois en tension, et la REP un levier insuffisant pris seul. Il faudrait séparer les outils pour chaque objectif, utiliser la politique publique comme levier en plus, et réduire les missions confiées aux REP (c’est suggéré plus que dit ça)
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Faut trouver un modèle économique pour financer les actions actuellement couvertes par la REP… En ayant conscience que ces actions ont vocation à disparaître avec une société qui entre dans un corridor de soutenabilité
P. 129. Les courants d’économie écologique et de planification, et le gouvernement par les besoin. La planification n’est pas de gauche, c’est un régime de guerre où le politique prend le pas sur l’économie. Mais là on n’aura pas de retour à la situation antérieure “à la fin”.
P. 130 Planifier ≠ tout mesurer (justement, on sait que tout n’est pas mesurable). Gouverner via les besoins ≠ dictature des besoins. Les besoins restent définis par l’individu, mais on s’accorde sur 2 principes de base : limites planétaires et égalité.
P. 131 La planification écologique repose sur 3 principes. 1) Analyse multi critères (vs analyse coût bénéfice) ; 2) Apports scientifiques et techniques solides 3) Délibération démocratique
(1) implique de renoncer à la centralité du principe pollueur payeur. Les REP ne peuvent pas être le seul outil, et encore moi le 1er recours. (2) implique de renforcer la recherche, pour avoir des scénarios et des connaissances pour alimenter les délibérations
P. 135 la sortie du plastique implique une relocalisation de la production et une moindre transformation des aliments